En 2004, le Comité consultatif Jeunes (CCJ) publiait un mémoire sur l’intégration en emploi des jeunes issus des minorités visibles. Le mémoire démontrait que les membres des minorités visibles disposent d’un accès au marché du travail plus difficile que la population québécoise prise dans son ensemble. De plus, lorsqu’ils réussissent à obtenir un emploi, les jeunes issus de ces groupes minoritaires semblent confinés à des secteurs d’emploi plus précaires. Un autre mémoire sur le travail atypique au Québec, publié cette fois en 2007, soutenait que cette forme de travail touche principalement les jeunes. Aussi, il semble que les membres des minorités ethnoculturelles, comme les minorités visibles et les immigrants, sont également très touchés par l’emploi atypique.
Un certain nombre de programmes visant à promouvoir une meilleure intégration des jeunes issus des différents groupes minoritaires au marché de l’emploi ont été mis sur pied au Québec au cours des dernières années. En ce sens, l’analyse de ces programmes marque à la fois une étape logique et importante dans le développement du travail amorcé par le CCJ. Ce sera donc l’objet de cette étude que de faire l’analyse des programmes en emploi mis en place pour les jeunes issus de minorités ethnoculturelles au Québec. L’originalité de cette recherche réside principalement dans le choix de la terminologie de minorité « ethnoculturelle ». En effet, les travaux traitants de l’emploi des personnes issues de groupes minoritaires ont souvent concentré leur attention sur l’immigration, les minorités visibles ou les minorités ethniques. Bien que ces études définissent un champ d’analyse dont les limites sont claires, elles ne réussissent pas à dresser un portrait d’ensemble de l’emploi des communautés en minorité au Québec. Ainsi, le choix du terme de « minorités ethnoculturelles » est motivé par un désir d’intégrer à notre analyse le plus de groupes possible. Cependant, comme ce terme n’est pas souvent utilisé dans la littérature statistique et gouvernementale traitant de l’emploi, il est important de le définir et d’expliquer comment il sera utilisé dans la présente étude. Il sera cependant possible de constater que l’utilisation de ce terme hétérogène amène des difficultés à la fois au niveau de l’analyse et de la collecte de données. L’objet de la première partie de cette introduction sera donc de formuler une définition du terme « minorité ethnoculturelle », de délimiter le champ d’analyse propre qu’il recouvre et d’illustrer les principaux avantages et désavantages de son utilisation. Afin de mieux comprendre la démarche de ce travail, il conviendra dans un deuxième temps de rappeler le contexte dans lequel celui-ci s’inscrit. Pour ce faire, nous tenterons de dégager les motifs qui expliquent l’importance de favoriser l’intégration des jeunes issus des minorités ethnoculturelles sur le marché de l’emploi. Nous distinguerons ainsi un premier motif s’appuyant sur des variables économiques et des facteurs démographiques propres au Québec, et un second fondé sur des idées et des valeurs issues de la sphère politique.
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