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Appuyer les jeunes en voie d’exclusion dans leur démarche de réinsertion socioprofessionnelle
Rappelons les caractéristiques générales des deux groupes, qui fondent leur exclusion actuelle. Le groupe des jeunes décrocheurs est constitué de jeunes de 16 et 17 ans qui ont quitté le réseau scolaire sans obtenir de diplôme et qui ne relèvent donc plus du MEQ.
Il s’agit d’une catégorie très hétéroclite, dans laquelle se retrouvent des jeunes aux profils parfois fort différents. Le sous-groupe sur lequel notre attention s’est portée jusqu’à maintenant est surtout celui des jeunes en situation d’exclusion ou en voie de marginalisation qui sont généralement très loin du marché du travail et qui vivent des situations personnelles complexes (problèmes familiaux, pauvreté, toxicomanie, analphabétisme, mauvaise santé mentale et physique, etc.). Toutefois, se retrouvent également dans cette situation des jeunes beaucoup plus près du marché du travail, souvent plus scolarisés que la moyenne des participants aux mesures actives d’Emploi-Québec et dont la présence dans les services d’aide à l’emploi est davantage liée à des situations ponctuelles. Les recommandations qui étaient faites dans le premier avis et qui sont reprises ici visent généralement à améliorer la situation du premier sous-groupe.
Récemment, une étude menée sur le terrain auprès des jeunes concernés et des intervenants qui les côtoient dans différentes régions a permis de dégager certains constats. L’avis Vers une stratégie d’accompagnement systématique des jeunes décrocheurs de 16-18 ans et des « sans- chèque » de moins de 24 ans, qui a découlé de cette étude, a permis d’établir un portrait assez clair de la réalité difficile vécue par certains jeunes. On a vu notamment que leurs problèmes principaux se situent sur les plans du manque de soutien généralisé, de la pauvreté, du logement, de la sous-scolarisation et de la toxicomanie.
En réponse à cela, le CAJ a fait plusieurs recommandations. La plupart visaient une plus grande équité dans l’accès aux services et aux prestations d’Emploi-Québec, une plus grande flexibilité de ces services et une simplification des procédures de demande, ainsi qu’un meilleur soutien financier pour ces jeunes et les groupes qui les aident. Il ne s’agit pas ici de les retravailler dans leur intégralité, mais plutôt d’approfondir certaines de ces recommandations, en particulier en ce qui concerne les coûts et les modalités associées à l’établissement et au fonctionnement des mesures proposées. Nous souhaitons également replacer les recommandations dans le contexte actuel, qui est celui du Plan d’action gouvernemental en matière de lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale (ci-après, Plan d’action) et des discussions fort animées entourant le Projet de loi no 57 Loi sur l’aide aux personnes et aux familles.
Cet avis sera axé sur l’étude de certaines mesures proposées dans le premier document et formulera des propositions concrètes et applicables à des problèmes cernés par l’avis précédent. Les mesures reprises de l’avis précédent (2004) sur lesquels notre analyse se portera seront surlignées dans le texte, afin de faciliter leur identification. Les nouvelles recommandations seront pour leur part numérotées. Notre attention se portera sur les mesures qui peuvent améliorer la situation des jeunes au quotidien et qui tombent dans des domaines qui sont sous la responsabilité directe d’Emploi-Québec ou du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. On pense notamment au critère de la contribution parentale à l’aide sociale, dont on a démontré qu’il contribuait à exclure un certain nombre de jeunes parmi les plus démunis. Il sera également question de la durée insuffisante de certaines mesures. Nous avons en effet mis de l’avant une inadéquation entre la durée réelle de plusieurs mesures et les besoins des jeunes. Il faut maintenant creuser davantage et déterminer ce qui serait une durée souhaitable, comment y arriver, etc. L’accès pour tous les participants aux allocations d’aide à l’emploi et l’abolition du calcul de la contribution parentale ne sont que quelques-unes des autres suggestions issues du premier avis qui méritent d’être élaborées plus concrètement.
Par ailleurs, il nous apparaît aussi utile de jeter un coup d’œil du côté du financement d’Emploi- Québec. L’examen du coût des mesures doit en effet être mis en parallèle avec les coupures de près de 60 millions de dollars dans l’enveloppe budgétaire d’Emploi-Québec présentes dans les deux derniers budgets québécois et leur impact par rapport aux subventions fédérales, ainsi qu’avec la nécessité, déjà exprimée par le CAJ, de rapatrier les sommes liées à la Stratégie emploi jeunesse.
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