C’est donc au moyen de la production d’avis, de propositions et de recherches que le CCJ remplit sa mission grâce au travail de concertation et de mobilisation de ses membres.
Le premier avis sur les stages (AXTRA 2016 b) prenait acte du fait que ces derniers sont des mesures pertinentes pour réaliser l’adéquation formation-compétences-emploi. En cela, il faisait écho au plan stratégique 2015-2018 du MTESS et de la CPMT dans l’objectif 1.2 « Accroître l’importance des stages en milieu de travail ». L’avis de 2016 traite des jeunes, pris dans leur ensemble, et de leurs relations avec les stages effectués dans un cadre scolaire, professionnel ou d’insertion. Cependant, la recherche sur laquelle il s’appuyait n’avait pas été en mesure de rejoindre suffisamment les jeunes qui effectuent un stage dans le cadre d’une mesure en employabilité, notamment les jeunes éloignés du marché du travail.
Le CCJ a débuté son processus de recherche en 2016. La première phase de ce processus a mené à la publication d’un rapport de recherche, rédigé par AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi (anciennement le RQuODE) pour le compte du CCJ (AXTRA 2016a). L’avis de 2016 a permis d’identifier 15 recommandations. Celles-ci visent premièrement à l’élaboration d’une typologie des stages, commune aux différentes instances et institutions gouvernementales, à l’encadrement légal de cette pratique et à sa promotion comme dispositif pertinent et efficace pour réaliser l’adéquation formation-compétences-emploi.
À la suite du dépôt de cet avis, une rencontre s’est tenue le 7 mars 2017 entre le président de la CPMT, M. Florent Francoeur, des représentants de plusieurs ministères et le Comité exécutif du CCJ. Depuis cette date, d’autres initiatives gouvernementales ont permis de traduire certaines recommandations en mesures, notamment au travers de la récente Stratégie nationale sur la main-d’œuvre nationale sur la main-d’œuvre 2018-2023. Ainsi, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale travaillent conjointement à l’élaboration d’une typologie commune pour les stages, ce qui fait suite à la recommandation 1 de l’avis de 2016. L’élargissement du Programme incitatif pour l’accueil des stagiaires (PIAS) aux étudiants universitaires (Stratégie nationale sur la main-d’œuvre, mesure 32) et la bonification du crédit d’impôt pour stage en milieu de travail (Stratégie nationale sur la main-d’œuvre, mesure 33) répondent respectivement aux recommandations 14 et 15 de notre avis précédent, qui encouragent le développement et l’accessibilité des stages.
Au cours de l’année 2017-2018, le CCJ a choisi de poursuivre ses recherches sur les stages destinés aux jeunes, mais en portant son attention sur la clientèle jeune suivant un parcours en employabilité. Cette seconde phase de recherche visait à combler le manque de données concernant cette clientèle jeune, notamment les jeunes éloignés du marché du travail. Pour rappel, cette clientèle est définie comme présentant un écart entre le marché du travail et son profil, les exigences du marché du travail ou bien ses caractéristiques personnelles. Plus cet écart est important, plus le degré d’éloignement est grand, au point d’en conclure que cette personne n’est pas en mesure d’entreprendre dès maintenant une démarche qui la conduira à terme à l’emploi (CPMT 2009, pp.25-27). Ainsi, une attention spécifique a été accordée à ces jeunes tout au long de la recherche menée en 2017-2018.
Afin de mieux cadrer la recherche, un Inventaire des programmes et mesures de stages pour les jeunes éloignés du marché du travail a été produit en 2017. Sur la base de cet inventaire, le CCJ a mandaté AXTRA pour effectuer un nouveau sondage, des groupes de discussion et des entrevues afin de valider les données recueillies lors des recherches précédentes et affiner certains constats, notamment en ce qui concerne les clientèles plus éloignées du marché du travail.
Ce nouvel avis (2018) présente une série de nouvelles recommandations portant sur les programmes et mesures recensés, mais également sur l’encadrement général des stages. Ses recommandations visent de nouveaux aspects de la relation entre les jeunes et leurs milieux de stage. Il prend également acte des évolutions législatives et des mesures prises par les partenaires depuis le dépôt de l’avis de 2016.
L’adoption de la Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi (LQ 2016, c 25), qui modifie notamment la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre (LQ 199, c 43) et la Loi sur le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et sur la Commission des partenaires du marché du travail (LQ 1997, c 63), permet aujourd’hui au CCJ de formuler des recommandations à un plus large éventail d’acteurs, considérant le mandat élargi conféré à la Commission des partenaires du marché du travail.
Historiquement, le CCJ adresse ses recommandations à trois principaux interlocuteurs, soit le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Emploi-Québec et la Commission des partenaires du marché du travail. Les recommandations s’adressent aux membres de la CPMT, tels que désignés par l’article 21 du second chapitre de la Loi sur le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et sur la Commission des partenaires du marché du travail. Ainsi, les recommandations du comité peuvent inviter les membres suivants à procéder à des changements dans les programmes et mesures qu’ils mettent en œuvre :
- Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ;
- Le ministère de l’Économie et de l’Innovation ;
- Le ministère des Affaires municipales et Habitation ;
- Le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec
Introduction
Cette recherche témoigne du travail des organismes œuvrant en employabilité, des employeurs qui accueillent les stagiaires, des employés responsables de la supervision de ces derniers et de celui des jeunes, qui trouvent dans le stage une expérience concrète de travail, mais aussi un défi à relever.
Depuis le dépôt du premier avis portant sur les stages, l’état du marché du travail a connu plusieurs évolutions notables. Ainsi, lors du dépôt du précédent avis en décembre 2016, le Québec affichait un taux de chômage de 6,6 % (IMT mai 2018). Peu avant la publication de notre recherche, soit en mai 2018, ce taux était de 5,3 % (IMT décembre 2016). Cette évolution vers le plein-emploi crée un contexte particulier pour les jeunes, à la fois garant d’opportunités, mais également porteur d’une pression accrue à la productivité. Cette situation a priori favorable révèle en réalité des problématiques jusqu’ici ignorées. Afin de prendre en considération les besoins d’une clientèle plus éloignée du marché du travail, une validation et un approfondissement des données étaient devenus nécessaires. Cet avis présente plusieurs enjeux soulevés au travers de notre recherche, qui s’expriment de façon plus saillante dans le cas des jeunes éloignés du marché du travail que dans le cas des jeunes rencontrés lors de la recherche précédente. Cette baisse du taux de chômage, couplée à une hausse du taux d’activité de la population, permet de penser que la situation de rareté de main- d’œuvre vécue au Québec constitue un nouveau paradigme. Ce dernier nous impose de repenser la manière dont fonctionnent certains programmes actuellement mis en œuvre. Nous présentons dans un premier temps la méthodologie de la recherche ainsi que les caractéristiques des acteurs rencontrés. Dans un second temps, nous proposons un ensemble de recommandations portant sur l’accompagnement des jeunes et des employeurs. Dans un troisième temps, nous réitérons l’intérêt du comité à voir la pratique des stages en milieu de travail encadrée par des dispositions légales.
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