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Vers une politique de lutte contre le racisme et la discrimination
Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m’aimer, mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher.
Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants habiteront un jour une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la teneur de leur personnalité.
D’entrée de jeu, le Comité aviseur-jeunes (CAJ) tient à préciser qu’il partage les constats soulevés dans le document de consultation ainsi que l’analyse lucide de leurs causes et de leurs effets. Les chiffres sont d’ailleurs fort éloquents et parlent d’eux-mêmes.
Chose certaine, le qualificatif ou l’étiquette que l’on choisit pour décrire ces phénomènes importe peu. Que l’on appelle ça du racisme ou de la discrimination, qu’elle soit directe, indirecte ou systémique, cela ne fait aucune différence pour celui qui la subit. En fait, ce ne sont pour lui que des mots qui ne l’aideront ni à nourrir sa famille, ni à regagner sa dignité, ni à exprimer sa pleine citoyenneté.D’autre part, les préjugés et la xénophobie sont présents dans toutes les sociétés.
Toutes les civilisations ont eu leurs lots de puristes, de fascistes et autres démagogues d’une société rêvée parfaite et uniforme. Ceci étant dit, de telles attitudes ne peuvent être ni acceptées ni tolérées. Il nous incombe à tous de contrer ces errements en faisant preuve de clairvoyance et de leadership afin de rappeler à l’ensemble de la population que le Noir, l’Arabe, l’Asiatique et autre minorité visible que l’on pointe du doigt et que l’on craint, voire que l’on accuse de voler nos emplois, est avant tout un Québécois ; que ses enfants sont aussi des Québécois ; et qu’il est éminemment souhaitable qu’ils aspirent à travailler et réussir dans une société qui saura valoriser leurs talents et respecter leurs différences.
Coordonner les efforts
Le CAJ encourage fortement le gouvernement à poursuivre sa collaboration avec les partenaires du milieu communautaire. En même temps, il constate que cette stratégie a montré ses limites et doit être complétée par une intervention gouvernementale directe.
Après avoir été l’approche la plus favorisée par le gouvernement depuis une quinzaine d’années, les faits nous prouvent qu’elle ne peut, à elle seule, régler la problématique de la discrimination indirecte et systémique. Il s’agit d’une problématique bien trop complexe et lourde pour qu’à lui seul le milieu communautaire puisse en venir à bout, surtout avec le peu de moyens qui lui est accordé.
Allant de pair avec ce constat, les intervenants du milieu communautaire insistent tous sur la nécessité d’un meilleur financement de leurs activités dans la durée et dans la qualité. Selon leurs dires, ils sont parfois obligés de donner le quart d’un service faute de financement adéquat, or le quart d’un service, c’est un fiasco ! Par ailleurs, on ne peut pas attendre de ces organismes communautaires qu’ils jouent un rôle majeur face à des problèmes qui s’aggravent et en même temps les faire vivre dans la précarité ou les traiter seulement comme des prothèses conjoncturelles. Le Comité dénonce le fait que les organisations d’aide à l’emploi soient les premières à éprouver des difficultés pour garantir des postes stables à leurs propres employés et est choqué par la perte d’énergie face aux projets pilotes qui ne se concrétisent jamais. Peu de programmes avec lesquels ils travaillent durent plus de deux ou trois ans. À chaque fin de projet pilote, il faut remettre en cause le fonctionnement de l’organisme lui même, restructurer le personnel, etc. Cette réalité est d’ailleurs parfaitement bien illustrée à la page 19 du document de consultation où il est fait mention que «les commentaires et les analyses des intervenants sur le terrain mettent en évidence le caractère ponctuel de nombreuses interventions, le peu de cohérence entre les efforts des intervenants et l’absence de leadership qui affecte l’efficacité des mesures mises en œuvre.»
De façon générale, on sent également chez les intervenants du milieu communautaire le besoin d’une meilleure reconnaissance de leur expertise et de leur utilité par le gouvernement. Par exemple, en les associant directement, et ce, dès l’étape de la conception des programmes et des mesures d’interventions, le gouvernement éviterait de renouveler certaines erreurs ou de créer des programmes trop éloignés de la réalité vécue par les clientèles visées.
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